Que ressent-on lorsqu’on confie son histoire à un·e autre ? Peut-on vraiment raconter une histoire qui ne nous appartient pas ?
Cet atelier explore la figure du ventriloque, tel un art reposant d’abord sur l’illusion d’une voix émancipée de sa source, manipulée pour la faire habiter d’autres corps. Les participant·es développent des expériences vocales et artistiques qui leur permettent de parler à travers d’autres ainsi que d’être soi-même parlé par un·e autre.
Dans ces échanges, il y a deux personnes, celle qui partage son histoire et celle qui la retransmet devant une audience. La première raconte à la seconde son récit par téléphone, à travers une oreillette. En simultanée, celle-ci l’interprète et l’amplifie devenant ainsi le porte-voix de l'expérience de l’autre personne. Il est nécessaire de réfléchir rapidement, d’écouter et de parler presque en même temps, pour pouvoir retransmettre aussi clairement et fidèlement que possible l’histoire initiale. En tant qu’interprète ou allié·e, il n’est pas nécessaire d’avoir vécu l'expérience des autres pour la relayer, cependant on raconte toujours les histoires en fonction de nos perspectives individuelles.
Ceci est un exercice d’écoute active qui crée un sentiment d'empathie et de responsabilité vis-à-vis du récit qui nous traverse. Être la voix et/ou le corps d’un·e autre n’est pas anodin. Pendant cet exercice l’écoute de l’autre est importante mais l’écoute de son propre corps l’est aussi, quelles sensations, quelles connections ressent-on lorsqu’on interprète la voix d’un·e autre, le corps s’efface-t-il ? s’amplifie-t-il ?
(1) Listening as channelling, Clara Balaguer et Gabriel Fontana en conversation avec Jeanne van Heeswijk et Rachael Rakes. Toward the Not-Yet : Art as Public Practice, édité par Jeanne Van Heeswijk, Maria Hlavajova et Rachael Rakes, Super Basic series, 2021.