Sonic Cross est un sport d’équipes qui offre la possibilité de penser autrement la communication. Et si communiquer revenait à écouter et non plus à parler, quelles seraient les conséquences de ce changement ? Le sport ne doit-il pas être conçu comme une pratique d’attention mutuelle ?
De nombreuses études révèlent que dans les classes d’E.P.S, ce sont principalement les prénoms masculins qui sont entendus. Effectivement, les garçons s’interpellent les uns les autres pour se passer ou recevoir la balle. La voix devient un outil d'assujettissement de l’espace. Alors que celles masculines participent de la monopolisation spatiale du terrain, les voix féminines sont quant à elles reléguées en périphérie. De ce fait, les enfants apprennent de manière implicite qu’il y a un lieu central réservé aux pratiques et paroles masculines dans lequel les filles ne sont pas légitimes ou autorisées à participer.
En réponse à cela, Sonic Cross met en lumière les dynamiques de pouvoir qui s'exercent dans le sport au travers de la voix et propose de nouvelles manières de s’écouter au sein des espaces de jeu. Ici, chacune des trois équipes est définie par un son différent qui est produit lorsque les joueur·euses interagissent avec la balle. Chaque participant·e se rend donc compte, en fonction du son entendu, de l’équipe à laquelle il ou elle appartient. Si l’on veut pouvoir découvrir l’ensemble de nos coéquipiercères et permettre au jeu d'être joué, il faut alors laisser l’opportunité à chacun·e d’entendre le son auquel il ou elle est associé·e. Composition sonore à part entière, chaque partie produit un morceau musical singulier qui dévoile la partition des interactions sociales.